Technique

Un orgue, comment ça marche ?

Un orgue est constitué de trois parties distinctes :

  1. Une partie ventilée, la soufflerie
  2. Une partie mécanique, le soubassement
  3. Une parie sonore, la tuyauterie

les deux premières parties sont purement physiques et ne font que transmettre de l’air ou un mouvement aux différents éléments de l’orgue. La troisième partie peut être l’expression de la sensibilité ou de la créativité de l’organiste.

Il faut savoir qu’il y a autant d’orgues que de salles pour les accueillir. L’orgue est un instrument construit sur mesure répondant d’une part à la cohérence entre la puissance de l’instrument et l’architecture de la salle ou de la nef qui l’accueille et d’autre part aux moyens financiers mis à disposition pour la création d’un tel instrument.

Aristide CAVAILLE-COLL arrive au milieu du XVIIIème siècle en pleine révolution musicale. Nous passons de la période baroque (orgue de St Sulpice et J-S.BACH comme compositeur phare) à la période romantique (église Sainte Clotilde et César Franck comme chef de file du mouvement romantique). De nouveaux instruments arrivent sur le marché : piano, hautbois, clarinette qui offrent un jeu plus souple et un style plus « expressif » plus moderne. Les orgues durent s’adapter, avec des instruments offrant plus de possibilités et de nuances.

 

Si vous observez la façade de cet orgue, vous noterez le travail délicat d’ébénisterie réalisé pour cet instrument. Nous avons peu d’informations sur les artisans qui ont œuvré à la création de notre orgue.

Regardons notre orgue plus en détail. Nous pouvons voir une console qui reçoit les  2 claviers de 54 touches (celui du bas pour le grand orgue et celui du haut pour le récit expressif). Cela peut aller jusqu’à 5 claviers pour les plus important tel que l’orgue de Saint Sulpice à Paris. Nous avons également un pédalier de 30 touches (pour les notes les plus graves), 42 registres pour commander les différentes sonorités de l’instrument et 8 « cuillères » servant d’accessoires de jeux.  A bien y regarder, vous êtes pratiquement devant le tableau de bord d’un avion de ligne. Chacune des touches ou des registres vont faire sonner une ou plusieurs notes au moyen des différents tuyaux que vous voyez devant vous. Les tuyaux sont classés en deux types les tuyaux à bouche et les tuyaux à anche.

1°/ La soufflerie

Vous l’aurez compris, l’instrument ne peut donner sa pleine puissance que s’il possède un système de soufflerie performant. Au XVIIIème siècle, l’électricité n’existait pas encore… Nous avions des « souffleurs qui actionnaient de gros soufflets identiques à ceux d’une forge pour générer de l’air durant le jeu de l’organiste. Soufflets, sommiers, layes, forment les voies et les aiguillages qui amènent le vent aux tuyaux sélectionnés.

Fort heureusement l’électricité nous amena la force motrice nécessaire. Elle supplanta la force mécanique des souffleurs dans ce travail de forçat.

2°/ Le soubassement

La deuxième partie, la plus impressionnante à mon goût est la transmission. Imaginez qu’entre la touche délicatement enfoncée par l’organiste et le son qui parvient à vos oreilles, il existe une forêt de tiges (appelées vergettes) et d’équerres pour transmettre le mouvement à partir du clavier, du pédalier ou des registres. Il y a 140 lignes de transmission, une pour chaque touche de clavier ou de pédalier.

3°/ La tuyauterie

Selon vous, combien y-a-t ’il de tuyaux dans cet orgue ? 1500 tuyaux du plus petit de la taille d’un stylo à bille, jusqu’au plus grand d’une hauteur avoisinant les 5 m (10 m pour ceux de Saint Sulpice). Ce qui nous donne cet effet de forêt ou de rideau. Si vous regardez attentivement vous constaterez que les tuyaux n’ont pas tous la même configuration. Nous distinguons les tuyaux à bouche et les tuyaux à anche.  On peut voir également le jeu de montre (montrer) du grand orgue installé en façade du buffet (rien à voir avec la pendule qui y figure). Au début du XVIIIème siècle durant la période baroque, nous avions une partie supplémentaire mobile, posé au sol ou sur une tribune que nous appelions le Positif (posé…) ou petit orgue (qui n’est pas présente sur l’orgue que nous avons devant nous.

Vous remarquerez des tuyaux horizontaux sur le haut de notre orgue. On appelle cela de trompettes en chamade. L’objectif était de porter le son plus loin et plus fort. Pas toujours du meilleur effet… Ceci était une fantaisie des facteurs d’orgues des années 1950-1980. Ils n’étaient pas dans les intentions initiales d’Aristide CAVAILLE-COLL. Lors de la prochaine restauration qui se fera dès le mois prochain, nous ramènerons cet instrument dans sa configuration d’origine sans pour cela altérer la qualité du son produit. Nous avons enfin une commande d’expression pour moduler plus ou moins le son. Vous pouvez le distinguer en haut et à l’arrière de l’orgue, presque invisible à nos yeux.