Eric LEBRUN, Pouvez-vous en quelques mots nous dire qui vous êtes :

Eric Lebrun est organiste concertiste et compositeur. Depuis 32 ans il est l’organiste titulaire de l’église Saint-Antoine-des-Quinze-Vingts à Paris, l’un des plus beaux Cavaillé-Coll, où il a fondé en 1991 les Chœurs de Saint-Antoine.

Professeur au Conservatoire à Rayonnement Régional de Saint-Maur-des-Fossés, il y a formé 170 organistes de tous pays. Certains de ses élèves sont aujourd’hui professeurs aux Conservatoire de Paris, Grenoble, Saint-Malo, Dublin, Mexico entre autres, et organistes dans plusieurs cathédrales, ou églises de Paris et de sa région. Il a enregistré une cinquantaine de disques et composé une soixantaine d’œuvres pour toutes formations.

Eric Lebrun est responsable des orgues pour le Diocèse de Créteil. Il est également expert, membre qualifié au sein de la Commission Nationale de Patrimoine et d’Architecture au Ministère de la Culture.

www.ericlebrun.com

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ric_Lebrun_(musicien)

  1. Pouvez-vous nous expliquer quel est votre rôle au sein du diocèse de Créteil ?

J’ai accepté il y a quelques années la responsabilité des orgues appartenant au Diocèse de Créteil au sein de la Commission Diocésaine d’Art Sacré, laquelle s’occupe d’autres sujets tout-à-fait passionnants. Je dois donc à chaque fois que c’est nécessaire expertiser tel instrument qui a besoin de travaux et veiller à la bonne conservation des orgues du Diocèse.

  1. Aujourd’hui quelle est l’avenir de l’orgue dans la musique liturgique ou sacrée contemporaine ?

La question est vraiment TRES intéressante. Je vous en remercie vivement. Autrefois musique sacrée et musique liturgique se confondaient. Mozart a écrit des Messes… pour la Messe ! Bach des Cantates pour le culte protestant. Aujourd’hui, cette musique liturgique de qualité est le plus souvent réservée au concert. Cette situation n’existe pour ainsi dire pas en Allemagne, en Autriche, ou dans certains pays scandinaves, où même au Portugal (il faut entendre les magnifiques interprétations pour les offices dans l’église de Lapa à Porto par exemple). Je considère donc que le répertoire liturgique est malheureusement privé le plus souvent de beaucoup de productions de qualité, soit du passé, soit actuelles, encore pas assez ou pas du tout diffusées, je pense par exemple aux magnifiques Psaumes de Thomas Ospital ou d’Arnaud Peruta, aux œuvres d’Yves Castagnet, organiste de chœur de Notre-Dame-de-Paris, etc. On préfère une musique largement diffusée par des relais en fait assez commerciaux. Vous permettrez qu’à l’opposé, je ne m’étende pas sur une musique que je considère comme l’équivalent du « papier peint industriel »…

L’orgue, avec son répertoire immense, permet de remédier à cette injuste carence. En jouant la musique instrumentale appropriée à tel dimanche, telle fête, au cours de l’office, il permet de donner vie au sens le plus noble du terme, aux œuvres les plus belles, du Moyen-Age à nos jours. Et chacun peut en bénéficier gratuitement c’est quand même extraordinaire !

C’est ainsi que je conçois mon rôle depuis que je joue à la messe c’est-à-dire depuis plus de 40 ans.

 Donc je suis plein d’énergie moi-même pour écrire et diffuser une musique liturgique de qualité, mais la tâche n’est pas facile !

  1. Comment l’orgue Cavaillé-Coll de Notre Dame d’Alfortville peut-il s’inscrire dans un renouveau de la musique sacrée en Val de Marne ?

C’est un instrument de très grande qualité. Il a été construit à l’apogée de la carrière extraordinaire de la maison Cavaillé-Coll. Tous les artisans qui l’ont conçu étaient riches d’une formidable expérience.

Bien sûr, on peut imaginer une activité cultuelle et culturelle renouvelée grâce à un tel intercesseur remis en état dans les règes de l’art. C’est un cadeau extraordinaire pour tous !

  1. L’orgue d’Alfortville peut-il s’inscrire dans une extension de la classe d’orgue que vous animez actuellement sur Saint Maur ?

Oui bien sûr, nous sommes très curieux de découvrir et de jouer les instruments de notre Département. C’est le rôle d’un Conservatoire à Rayonnement Régional de… rayonner !

C’est une chance pour les élèves du Conservatoire.

Des questions se poseront durant le travail de relevage pour lesquelles votre expertise nous sera précieuse.